La narration est au cœur des apprentissages : écouter une histoire, la comprendre et la restituer prépare les enfants à lire et à écrire. Pourtant, certains élèves peinent à rester attentifs ou à saisir la structure d’un récit. Pour répondre à ces défis, Bricolux propose une gamme autour du Kamishibai (petit théâtre, cartes et accessoires) inspirée de la tradition japonaise du théâtre de papier. Ces outils transforment la classe en scène et invitent les élèves à devenir à la fois spectateurs et conteurs.
Qu’est‑ce qu’un Kamishibai ?
Le Kamishibai est un petit castelet en bois à trois portes, appelé butaï, dans lequel on fait glisser des planches illustrées. Chaque planche représente un épisode de l’histoire : le recto est destiné au public, tandis que le verso, tourné vers le narrateur, contient le texte et une miniature de l’image (ablf.be). L’ouverture des portes au début du récit et leur fermeture à la fin aident les enfants à passer du monde réel à l’imaginaire (ablf.be). Cette présentation permet au conteur de moduler le rythme et de créer des effets de suspense grâce à des didascalies et des repères figurant au verso (ablf.be).
Dans les institutions pour jeunes enfants, cette forme de théâtre développe un fort sentiment de partage et d’émotion collective, appelé kyokan en japonais. L’ouverture progressive du théâtre et la succession des images captivent le public et plongent même les enfants anxieux ou autistes dans un espace rassurant (crede-vd.ch). La simplicité du matériel (un butaï et un jeu de 8 à 16 planches illustrées) autorise l’usage du kamishibai dans des lieux variés – crèches, écoles, bibliothèques ou même en plein air (crede-vd.ch).
Pourquoi utiliser un Kamishibai en classe ?
Favoriser l’écoute active et la concentration. Lorsque l’adulte fait défiler les planches une à une, les élèves se concentrent sur l’image et sur la voix. Les planches ne montrent qu’un seul moment de l’histoire ; le texte est lu par le narrateur. Cette séparation oblige les enfants à formuler des hypothèses et à déduire les actions non représentées, ce qui développe la capacité d’inférence et la compréhension fine du récit (ablf.be). La structure en planches permet aussi de mettre en avant les éléments importants et d’interagir physiquement avec le support (soulever une fenêtre, déplacer un élément), renforçant ainsi l’attention et la mémorisation (ablf.be).
Développer la compréhension et la maîtrise du récit. Pour manipuler le kamishibai, il faut découper l’histoire en séquences et respecter un ordre logique. Ce découpage aide les élèves à saisir la structure narrative et à la transférer à l’écrit : réinventer une histoire en planches facilite l’appropriation du schéma narratif et le passage à l’écriture (ablf.be). Les planches permettent une différenciation selon l’âge et le niveau des élèves, de la maternelle au primaire (ablf.be).
Stimuler l’imagination et la créativité. Le kamishibai est un déclencheur d’imaginaire. En regardant l’image et en écoutant le texte, l’enfant crée des images mentales, développe son intelligence visuelle et auditive et maintient sa concentration (kamilala.org). La succession d’illustrations, le suspense et la mise en scène donnent envie de produire et de raconter à son tour (kamilala.org). Les histoires proposées par Bricolux abordent des thèmes variés (digestion, hérisson, cycle de l’eau, tolérance et respect, etc.), ce qui nourrit l’imaginaire et permet d’explorer des notions scientifiques ou sociales à travers la narration.
Encourager la coopération et l’expression orale. Le kamishibai se vit en groupe. Le public partage des émotions et discute de ses hypothèses sur le déroulement du conte (crede-vd.ch). Les élèves peuvent passer du rôle de spectateur à celui d’acteur : ils choisissent les rôles, décident du rythme de la narration, ajoutent des bruitages ou de la musique, écrivent le scénario et réalisent les illustrations (kamilala.org). Cette collaboration favorise l’entraide, la planification et le respect des idées de chacun. Pendant la lecture, le kamishibai sert d’écran protecteur ; les enfants n’ont pas à faire face directement au public et peuvent poser la voix, articuler et oser lire à haute voix, y compris dans des langues différentes (ablf.bekamilala.org).
Valoriser la diversité linguistique et l’inclusion. Un livret pédagogique issu du projet Erasmus Kamilala montre que la création de kamishibais plurilingues encourage les enfants à intégrer les langues présentes dans leur classe et dans leur famille, ce qui renforce leur bien‑être et leur motivation (kamilala.org). Le concours kamishibai plurilingue invite les enfants à raconter des histoires en plusieurs langues ; cette pratique développe la compétence langagière dans la langue de l’école, l’intercompréhension, l’ouverture aux autres cultures et l’inclusion sociale (kamilala.org). Le kamishibai est ainsi un outil interdisciplinaire : il amène les élèves à poser des questions, à ordonner les séquences du récit, à exprimer leurs impressions, à écrire et illustrer des histoires créatives et à lire à haute voix pour leur public (kamilala.org).
Pour apprendre autrement. Dans le cadre d’animations de santé en Belgique, des histoires de kamishibai abordant les goûts, l’alimentation et la publicité ont été utilisées pour faire réfléchir, débattre et réagir ; les enfants exprimaient ce qu’ils aimaient ou n’aimaient pas dans un climat bienveillant (educationsante.beeducationsante.be). Les animateurs louent la dimension ludique et attractive de l’outil et la simplicité des histoires adaptées aux enfants (educationsante.be).
Conseils d’utilisation
Choisir un thème adapté : sélectionnez des histoires qui s’inscrivent dans votre projet de classe (sciences, citoyenneté, conte traditionnel). Les cartes disponibles chez Bricolux abordent des sujets variés, comme la digestion humaine, les cycles de l’eau ou la tolérance.
Mettre en place un rituel : installez le butaï dans un espace calme, fermez les portes avant de commencer et ouvrez-les lentement pour créer l’attente. Pensez à la lumière et au positionnement des enfants. Moduler la voix selon les personnages et respecter un rythme lent rendent le récit plus captivant (crede-vd.ch).
Inviter les élèves à participer : laissez les enfants manipuler les planches, poser des questions, commenter les images et anticiper la suite. Ensuite, proposez-leur de créer leurs propres kamishibais : ils choisiront un sujet, écriront un scénario, réaliseront des illustrations et se partageront les rôles (kamilala.org).
Encourager le plurilinguisme : faites appel aux langues présentes dans la classe. Les parents peuvent être invités pour raconter une histoire dans leur langue maternelle ou pour aider à la traduction. L’expérience plurilingue valorise toutes les langues et renforce l’inclusion (kamilala.orgkamilala.org).
Conclusion
Alliant théâtre, littérature et arts visuels, le kamishibai est bien plus qu’un accessoire esthétique : c’est un outil pédagogique complet. Il structure les récits, développe l’écoute active et la compréhension, stimule l’imagination et l’expression orale, tout en favorisant la coopération et l’inclusion. Grâce à sa simplicité et à sa polyvalence, il s’utilise aussi bien en classe qu’en bibliothèque ou à la maison. La gamme proposée par Bricolux – comprenant butaï, cartes d’histoires thématiques, sacs et accessoires – permet aux enseignants et aux familles de s’approprier cet art narratif et de donner à chaque enfant le goût de raconter et de créer des histoires.
Sources
[1] C. Derydt & M. Dumont, « Le kamishibaï : un outil fascinant de la maternelle aux primaires… », revue Caractères, Association belge des bibliothécaires francophones (ABLF). Les auteurs décrivent le fonctionnement du butaï (trois portes) et expliquent que l’ouverture et la fermeture marquent le passage entre le réel et l’imaginaire ; chaque planche comporte une illustration pour le public et, au verso, le texte et des didascalies qui aident le conteur à varier le rythme et à créer du suspense ablf.be. L’article montre que le kamishibai, en séparant texte et image, oblige les élèves à faire des inférences et facilite l’étude de la structure du récit et le passage à l’écriture ablf.beablf.be.
[2] Centre de ressources en éducation de l’enfance (CREDE‑VD), « Le kamishibaï, une invitation au spectacle ». Ce billet souligne que le kamishibai développe un sentiment d’union collective (kyokan) ; la révélation progressive des images captive l’attention et rassure les enfants anxieux ou autistes, et la simplicité du matériel (butaï et planches) permet de l’utiliser partout crede-vd.ch. L’article rappelle que le kamishibai est un genre littéraire à part entière et insiste sur l’importance du rituel et du rôle du narrateur ; les enfants peuvent passer du rôle de spectateur à celui d’acteur en racontant eux‑mêmes les histoires crede-vd.chcrede-vd.ch.
[3] Kamilala – Livret d’accompagnement à la création d’un kamishibai plurilingue (Projet Erasmus +). Ce guide explique que la prise en compte des langues des familles renforce le bien‑être et la motivation des enfants et présente le concours kamishibai plurilingue, qui invite les élèves à créer une histoire en plusieurs langues ; cette pratique développe l’intercompréhension et l’inclusion kamilala.org. Le livret décrit le kamishibai comme un outil ludique qui favorise l’écoute active et donne envie de produire et de raconter et recense ses enjeux pédagogiques : poser des questions, écouter et ordonner les séquences, exprimer ses impressions, écrire et illustrer de manière créative, lire à voix haute et s’ouvrir aux langues et aux cultures kamilala.org. Il met aussi en avant la dimension coopérative et l’impact sur l’imaginaire et l’intelligence visuelle et auditive kamilala.org.
[4] Abracadabra, ça gîte… – Éducation Santé (Belgique). Dans cette animation, des histoires de kamishibai sur les goûts, l’alimentation et la publicité servent de base à des discussions : les enfants sont invités à réfléchir, débattre et réagir, et peuvent exprimer ce qu’ils aiment ou n’aiment pas dans un cadre bienveillant educationsante.beeducationsante.be. L’article souligne le caractère ludique et créatif du kamishibai, avec des récits colorés et simples adaptés au jeune public educationsante.be.
[5] Kamilala – Livret d’accompagnement à la création d’un kamishibai plurilingue (Projet Erasmus +), Section sur l’inclusion. Le guide souligne que prendre en compte les langues des familles favorise le bien‑être et la motivation, et que le concours kamishibai plurilingue est un outil pour améliorer l’inclusion sociale et l’acquisition de la langue de l’école kamilala.org.